#1 – Enquête : Paul BOURGEIX, globe-trotteur : New-York, La Colombie, Le Canal de Panama et San Francisco !

la Savoie

Pour clore cette première promenade dans les branches MICHON-MARÉCHAL, ponctuée de découvertes et d’étonnements1, je vous emmène faire un tour chez les BOURGEIX, nom de jeune fille de Adeline, mère de Marie MARÉCHAL.

A la clé, une énigme qui enivre le généalogiste – bien qu’elle soit source de frustrations diverses, à cause du syndrome de l’aiguille dans la botte de foin : à moins d’un spectaculaire coup du hasard, il semble illusoire de penser trouver toutes les réponses aux questions qu’elle soulève !

Adeline BOURGEIX est née le 19 octobre 1876 à Argenton-sur-Creuse, dans une famille issue de la petite bourgeoisie locale. Côté paternel, les hommes sont mécaniciens/serruriers depuis plusieurs générations. Son père ne déroge pas à la règle : il est installé comme mécanicien tout près de la place d’Armes2, non loin de la Creuse et du Pont Neuf. Sa mère quant à elle descend d’une lignée de brasseurs, dont certains venaient de Bavière. Elle vient au monde 15 mois après Louis, son unique frère.

Alors qu’elle se marie à 18 ans avec un minotier d’Argenton3, Louis est étudiant, réussit le concours et devient employé des Ponts & Chaussées à Paris où il s’installe, louant une chambre dans une pension de la rue des Martyrs4. Le frère et la soeur semblent proches, ce qui est attesté par un fait rarissime à l’époque où les femmes n’avaient presque pas de droits civils et où on ne les laissait qu’exceptionnellement intervenir dans la signature d’alliances et de contrats, sauf si elles étaient veuves ou divorcées ce qui n’est pas le cas ici : lorsque Louis se marie à Châteauroux en 1898, il choisit Adeline pour témoin5.

L’année suivante, sa femme Ernestine POUDROUX accouche d’un fils prénommé Paul6. Ils sont installés au 84 avenue de Clichy dans le 17e arrondissement de Paris. Louis est piqueur de la ville de Paris, Ernestine ne travaille pas.

Ils divorcent en 1906. Ernestine se remarie à la mairie du Perreux en 1907, Louis à Levallois-Perret en 1908. Il est alors conducteur municipal adjoint des travaux de Paris, et demeure rue de Courcelles à Levallois. A ce second mariage, aucun autre membre de la famille BOURGEIX n’apparaît comme présent, pas même Adeline.

Paul est, à moins d’une découverte future, le seul enfant de Louis. L’histoire aurait pu s’arrêter là, car la consultation des registres en ligne s’arrête à l’année 19027. Mais un généalogiste n’a jamais fini de creuser lorsque sa curisosité est piquée, et il est heureusement possible d’obtenir davantage d’informations…!

En premier lieu grâce aux mentions marginales des actes de naissance, c’est à dire les mentions des dates et lieux des mariage(s) et décès de l’intéressé, portées obligatoirement dans la marge de son acte de naissance depuis 1897 (pour les mariages) et 1945 (pour les décès). C’est ainsi que l’on apprend que Paul s’est marié une première fois le 15 novembre 1924 à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne8, puis une seconde fois le 10 février 1949 dans le 8e arrondissement de Paris, puis enfin qu’il est décédé à l’Hôpital Pasteur à Nice le 16 janvier 1973. Il était alors domicilié 30 cours Albert 1er, toujours dans le 8e arrondissement de Paris. A ce stade de l’enquête j’aimerais bien connaître sa profession9.

Pour dépasser le cadre des registres de l’état-civil, il existe beaucoup d’autres ressources sur Internet, qui réservent parfois de bonnes surprises ! Des sites, des blogs, ont collectionné puis mis à disposition tout un tas de données qui vont des archives de l’armée aux listes électorales en passant par l’annuaire des fabricants à Paris en 1886, la presse locale, les noms répertoriés sur les monuments aux morts de l’ensemble des communes de France, ou la liste des passagers français débarqués aux Etats-Unis…

Et justement… Désireuse d’en apprendre davantage sur Paul, ce cousin inconnu, un peu étonnée qu’il le soit alors qu’il s’agit du seul cousin germain10 de Marie MARÉCHAL, qui a vécu plusieurs années à Paris avec Marc MICHON, et dont la mère Adeline était pourtant installée à Paris elle aussi11, bref suffisamment intriguée pour avoir envie de creuser, j’ai cherché. Et j’ai trouvé, dans cette fameuse liste des passagers français débarqués aux Etats-Unis, deux traces de Paul-le-cousin-voyageur !

Je les retranscris ici :

1920 : célibataire, Paul BOURGEIX embarque au Havre sur La Savoie, et débarque à New-York le 30 août après plus de 6 jours de traversée. Il va loger chez son ami Paul ROSSET, 26 Bridge Street, a prévu d’y rester 6 mois et était jusque là domicilié chez sa mère, Mme Georges LOUBATIER, demeurant 77 avenue Henri Martin à Saint-Maur-des-Fossés.

1926 : marié, Paul BOURGEIX embarque au Havre sur Rochambeau, et débarque à New-York le 17 décembre.

1937 : parti de Colombie (indiqué comme son dernier pays de résidence), il embarque à Balboa, Zone du Canal de Panama, sur La Plata Maru, et débarque à San Francisco le 15 mai.

Paul Bourgeix ?

Paul Bourgeix ?
WA-OUH.

Les voies du destin sont impénétrables, et celles qui ont mené cette branche BOURGEIX de la Bavière à San Francisco émerveillent autant qu’elles interrogent. Paul BOURGEIX n’a pas émigré, ses mariages en France et son décès à Nice le prouvent. Mais alors, qu’allait-il faire de l’autre côté de l’Atlantique ? Etait-il explorateur, militaire, diplomate, entrepreneur, agent-secret, industriel, émissaire, chercheur d’or, de diamants, négociant ? Y a t’il d’autres traversées vers d’autres contrées, d’autres expéditions, existe-t-il d’autres traces, quelque part ? Google n’est pas bavard. Amazon répertorie deux publications, dont l’une à propos d’un perroquet du Gabon, en est-il l’auteur ? Etait-il docteur ? Ornithologue, ethnologue, géologue ? A moins qu’il ait tout simplement eu le goût de l’aventure et les moyens financiers de voyager ?

A défaut de réponses, on peut tout imaginer.


 

Notes :

  1. A commencer par le développement d’un nombre insoupçonné de rameaux : qui aurait cru que Marc MICHON avait une quinzaine de cousins germains ?!
  2. Aujourd’hui place de la République
  3. Joseph Paul MARÉCHAL – ils auront deux enfants, Marie épouse de Marc MICHON, née en 1896 ; et Paul né en 1898.
  4. Paris 18e, quartier de Montmartre.
  5. Sur la période 1791-1902, parmi tous les actes consultés au cours de mes recherches, soit plusieurs milliers, le nombre de fois où une femme signe un acte d’état-civil en qualité de témoin se compte sur les doigts d’une seule main.
  6. Coïncidence amusante : le frère et la soeur ont donné le même prénom à leurs fils respectifs, nés à 7 mois d’écart.
  7. Si la loi prévoit depuis 2008 une communicabilité des actes d’état-civil relativement souple, il faut dans le meilleur des cas écrire aux mairies pour obtenir les actes postérieurs à 1902 parce que 1) le microfilmage a souvent été réalisé gratuitement par les Mormons, qui se donnent pour mission de reconstituer l’arbre généalogique de l’humanité, à une époque où il était impossible de consulter/diffuser les actes de moins de 100 ans à moins d’apporter la preuve d’une ascendance en ligne directe, ainsi la numérisation des actes plus récents est parfois lacunaire ; 2) la CNIL a émis des recommandations concernant la diffusion des archives publiques sur Internet plus restrictives que la loi ne le demande.
  8. Jugement de divorce en date du 10 décembre 1929, à la requête et au profit de la femme.
  9. La mairie de Nice m’a envoyé l’acte de décès sur lequel était inscrit : « sans profession » ; je n’ai pas le droit de consulter la copie intégrale de l’acte de son second mariage (acte de moins de 75 ans, cf note précédente), j’attends des nouvelles de Saint-Maur-des-Fossés, dernière opportunité « officielle » de découvrir son métier, ou au moins celui qu’il exerçait en 1924, sinon ne restera plus qu’à s’en remettre au coup de bol qui pourrait me le faire découvrir par hasard !
  10. Là encore : à moins de découvertes futures…
  11. « Dans cette famille, les rapports avec les cousins étaient peu fréquents, on ne les voyait pas tellement » témoigne Colette MICHON-BOUCHARD, la fille de Marie : euphémisme, si vous voulez mon avis, voir la note [1] ! ;o)

1 commentaire

  1. La Bergerie dit :

    quelle histoire !!!! on attend le dénouement sans hâte… cela nous permet d’affabuler sans retenue.
    Tout cela est bien passionnant.

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